Petite rubrique d'exploration du vivre
Un proverbe oriental m'a rappelé une chose très importante :
"Lorsque tu pointes quelqu'un du doigt, il y a toujours trois doigts pointés vers toi".
Leçon excellente!
Elle nous rappelle que l'autre agit comme un miroir. Ce que nous voyons, ce qui nous dérange, ce que nous jugeons chez l’autre, parle bien souvent plus de nous que de lui. La projection psychologique, concept central de la psychanalyse, vient éclairer ce mécanisme. Comme l’écrivait Carl Gustav Jung, « Tout ce qui nous irrite chez les autres peut nous conduire à une meilleure compréhension de nous-mêmes. ».
Autrement dit, ce que nous projetons à l’extérieur est souvent une part de nous que nous n’avons pas encore reconnue, acceptée ou intégrée. Lorsque nous pointons un comportement, une attitude ou une faille chez quelqu’un, il se peut que cela fasse écho à une part refoulée de notre propre histoire, à une blessure non cicatrisée, ou à une exigence intérieure que nous avons du mal à satisfaire.
Les trois doigts tournés vers nous symbolisent cette invitation à revenir à soi. À se questionner : Qu’est-ce qui me touche si intensément ? Pourquoi cela m’affecte-t-il autant ? Qu’est-ce que cette réaction révèle de mes blessures, de mes croyances, de mes aspirations ?
Trois doigts puissants vers toi qui invitent à te demander qu'est-ce que tu cherches dans l'autre, dans la relation avec l'autre.
Dans une quête de lucidité, cette prise de conscience ouvre la voie à un espace de responsabilité. Non pas de culpabilité, mais de responsabilité personnelle : je suis responsable de ma manière de percevoir, de réagir, d’interpréter.
Je ne peux pas changer l’autre, mais je peux transformer mon regard, mes conditionnements, mon rapport à moi-même.
Ce proverbe devient alors une boussole. Plutôt que de dépenser notre énergie à pointer, critiquer ou vouloir corriger l’autre, nous pouvons utiliser ce moment comme un point d’ancrage pour revenir à nous, observer ce que cela remue en nous, et entamer un dialogue intérieur sincère.
Ce que tu pointes du doigt chez l’autre est-il trois fois plus fort en toi ?
Pas toujours. Mais souvent, c’est un signe qu’il y a là quelque chose à regarder. Non pour se juger, mais pour s’accueillir. Pour comprendre ce que tu cherches, consciemment ou non, dans la relation à l’autre : validation ? Sécurité ? Reconnaissance ? Justice ? Amour ?
Les trois doigts pointés vers soi ne sont pas une accusation. Ce sont trois invitations à la lucidité, à la tendresse et à la transformation intérieure.